Un Boiss à Bali : un bilan général
En ce dernier jour de l'année, il est peut être temps de faire un petit bilan de ce choix que j'ai fait, partir de France pour m'installer à Bali et devenir moniteur de plongée.
Car ça fait un moment que je repousse ce moment, mais il est temps, avant de commencer une année de regarder un peu tout cela.
Alors ça ne va pas vous passionner, mais certaines informations peuvent servir à des gens qui auraient cette idée, histoire de savoir dans quoi on s'embarque quand on part pour ce genre d'aventure.
Petit bilan financier déja, histoire de voir si ce choix a été payant (litérallement).
Donc je ne prends pas en compte les premiers mois, où je n'ai fait que payer pour mes frais, mes formations, et où je n'avais évidemment aucun revenu.
Idem, je ne prends pas en compte les investissement en matériel qu'il a fallu que je réalise au départ, puisque j'avais prévu tout cela dans mon budget initial.
Regardons donc rapidement ce qu'a donné une année complète depuis que je suis devenu instructeur de plongée.
Mois par mois je présente la différence entre mes dépenses et mes revenus dans ce tableau.
Donc évidemment le démarrage a été laborieux...
Basse saison, début de carrière, peu de travail en freelance...
A partir de fin avril on commence à avoir une balance positive, et cela va continuer ainsi jusqu'à la fin de l'année.
Normal, travail tous les jours ou presque, peu de dépense car le repas du midi est compris quand on travaille, et surtout le soir on est crevé, donc on évite de sortir boire des coups. On se prend un truc à emporter rapido et c'est tout.
En safari c'est encore mieux puisqu'une partie du repas du soir est pris en charge par le club.
Si je suis en négatif septembre/octobre, c'est dû au fait de devoir faire un aller/retour à Singapour pour faire la demande de Kitas.
Pour ceux qui sont intéressés, voici en gros mes postes de dépense.
- Logement : évidemment, il faut bien dormir quelque part, et si au départ j'avais un loyer de 1.6M Rp, je suis passé à 1M au bout d'un moment, faisant de substancielles économies chaque mois
- Location de scooter : 550KRp par mois
- Frais de visa : tout dépend du visa, mais compter à peu près 40€ par mois
- Frais divers : je me suis imposé un budget de 10€ maximum par jour (à lisser sur le mois)
Tout cela va correspondre à toutes mes autres dépenses, repas, essence, frais divers, loisirs, vêtements, matériel, médecins, entretien du scooter...
En gros tout ce qu'il reste. Mettre cette limite m'a permis de rester raisonnable et de savoir dire non pour aller boire des coups quand je savais que j'étais proche, ou d'éviter d'acheter quelque chose dont je n'avais pas vraiment besoin.
La plupart du temps j'étais en dessous de cette limite, sauf évidemment les mois où il a fallu aller à l'hopital, réviser mon détendeur ou payer divers frais qui me sont tombés dessus par ci par là.
Alors certes ça bride un peu, et quelques fois on a bien envie de se lâcher pour se faire plaisir, profiter...
Ca peut être très frustrant de se dire qu'on ne peut pas aller boire un coup avec un copain, ou qu'on va éviter de se faire un massage ce mois ci parce que bon... c'est la vie, j'ai choisi, et je ne le regrette pas :)
Bon, mais au final alors, positif ou négatif?
Et bien si je prends ce tableau, avec tous les efforts que j'ai fait cette année pour limiter mes dépenses, j'arrive à être positif! (hourra)
En effet le résultat net est de +490.81€
Ce qui est déja pas mal.
Sauf qu'il faut prendre en compte d'autres dépenses...
Renouvellement de l'assurance plongée professionnelle (j'ai eu la chance d'en trouver une à un tarif correct, car la DAN maintenant, c'est juste absolument impossible...), les frais pour mon aller/retour en catastrophe à Singapour pour faire le Kitas et évidemment le renouvellement de l'adhésion PADI.
Au final la balance est négative (crotte), j'ai perdu pour l'instant un peu moins de 200€
Alors je positive en me disant que c'est la première année, première expérience dans un club, et il a fallu gérer quelques impondérables.
Mais il faut avoir à l'esprit qu'il ne m'ait pas non plus arrivé de grosse couille, mes visites à l'hopital n'étaient pas sérieuses, je n'ai pas eu de gros problème avec mon matériel, ni de gros frais qui auraient pu encore aggraver la balance.
Il faut se rappeller qu'ici il n'y a aucune sécurité, aucune assurance... le moindre problème peut être couteux.
Enfin, je positive avec l'année prochaine en prenant en compte plusieurs facteurs.
- Visa : si je dois comptabiliser une dépense de 100$ par mois pour le Kitas que j'ai payé (permis de travail, je le lisse sur 12 mois), ils me seront remboursés chaque mois que je travaillerait en tant qu'instructeur permanent pour le club
Donc si je ne bosse pas pour eux, ça me coutera plus cher, mais pour la haute saison si je suis à nouveau embauché, cela ne me coutera rien
- Scooter : vous le savez, j'ai investit dans un scooter, 4.3M
Là aussi je vais lisser cette dépense sur 10mois, comptabilisant 430KRp par mois, une fois amorti, ça sera bon!
- Letta a trouvé un boulot, du coup, si ces derniers mois j'assumais toutes les dépenses journalières, à partir du mois prochain on devrait partager ces dépenses
Voilà, financièrement, je m'y attendais, c'est très difficile de s'en sortir ici, et pourtant je vis très sobrement en limitant les dépenses.
Après je le répète, je n'ai connu qu'un seul club, un seul mode de fonctionnement et un seul niveau de salaire.
Il y a des endroits où cela paie mieux...
Ainsi, à cet instant il y a deux solutions qui semblent viables à moyen terme :
- Rester à Bali mais en trouvant une autre activité plus rentable
- Partir de Bali pour gagner sa vie un peu mieux
Pour l'instant je vais évidemment rester ici pour voir ce que donne la deuxième année, et j'avoue avoir vraiment envie de rester ici, quitte à devoir abandonner un métier qui me passionne.
To be continued...
Voilà pour le bilan financier, mais évidemment il n'y a pas que ça, sinon je serais déja de retour parmi vous :P
Il faut bien dire qu'en devenant instructeur de plongée, j'ai vraiment trouvé un métier qui me plait et qui correspond totalement à ce que je veux faire.
De plus, sans être le meilleur instructeur de la planète (loin de là), je pense être plutôt bon dans ce que je fais.
Les clients, dans une très grande majorité, sont très heureux de ce que je fais, et il faut avouer qu'avoir un retour aussi positif par les clients est très enrichissant, beaucoup plus enrichissant que ma précédente carrière.
Et quel bonheur de faire découvrir une nouvelle activité à des débutants, les voir devenir passionnés parce qu'on a fait un bon boulot!
J'ai pas mal de clients qui veulent revenir plonger avec moi, quel que soit le lieu où je serais, et ça déja c'est très gratifiant!
Le fait de vraiment les placer au coeur de mes préoccupations (comme je l'ai toujours fait, même en temps qu'ingénieur), répondre à leurs besoins et m'adapter à leur situation fait qu'ils sont heureux du moment qu'ils passent avec moi (ça change du boulot d'ingé...)
Bref, je fais un boulot que j'aime vraiment et pour lequel j'arrive à contenter une grande majorité de mes clients.
Maintenant un bilan plus personnel sur bien des points.
Je suis beaucoup moins stressé qu'avant, l'environnement Balinais y est pour beaucoup, tu es obligé de destresser si tu veux que les choses avancent sans peter un câble.
Cela ne m'empêche pas de traverser des moments de stress, notamment à cause des mêmes cons qu'on peut croiser ici à l'autre bout du monde.
Mais quand il m'arrive des petites couilles (genre viré de son appart), j'arrive à relativiser et à avancer plutôt sereinement, alors qu'avant j'aurais clairement fondu un plomb...
Physiquement la différence est énorme, environ 15Kg de moins (y'avait besoin, je sais!), fini les abdos nutella/kro, bonjour les presque abdominaux apparents (y'a encore un peu de taf je vous rassure).
Les maux de dos m'ont laissé tranquille pendant quasiment toute la saison, il faut dire que quand on a une activité physique tous les jours ça aide.
OK, je les ai retrouvé ces derniers jours, en restant assis à bosser mes cours sur mon PC, y'a pas de secret...
J'ai maintenant quelques soucis d'angine (vous l'aurez compris), que j'arrive pour l'instant à gérer avec quelques remèdes homéopathiques envoyer par ma chère maman!
Le passage à la saison des pluies a été très difficile pour ça, j'ai été allité quelques jours, j'ai pris des médocs pendant un moment, mais maintenant tout cela se stabilise.
Maintenant, la vie à Bali.
Niveau nourriture, Bali est un endroit merveilleux, vous l'aurez compris!
Plats gouteux et très diversifiés, fruits superbes, on perd du poids sans s'en rendre compte en reprenant une alimentation loin des excès qu'on a l'habitude de faire.
Evidemment il manque toujours les bons plats de maman, ou les bons produits de chez nous.
Fromage, charcuterie, et évidemment le vin... mais même des trucs de base comme les yahourts manquent énormément (excessivement chers ici).
Mais passée cette petite frustration (de temps en temps relativisée par du saucisson ou un ricard apporté par les copains), je suis très heureux à ce niveau là, et de temps en temps je me fais plaisir avec une petite pizza ou un plat de pâtes.
Toujours niveau bouche, un sujet important, le cigare!
J'ai pour l'instant ma petite réserve, je sais qu'elle s'amenuise, et finances aidant elle ne se renouvellera certainement pas...
Mais je peux encore me faire plaisir (je fume en ce moment même un Siglo VI sympathique).
Et de temps en temps on a la bonne surprise d'un copain qui vous ramène une boite de bons cigares...
Et il faut avouer qu'en pleine saison on a moins le temps et l'envie de fumer, du coup les cigares vieillissent tranquillement en cave.
Seule chose qui manque par rapport aux copains P1P2C (mis à part eux même évidemment), c'est justement le fait de ne pas pouvoir fumer avec un copain... on ne s'en rend pas compte, mais ce n'est vraiment pas la même chose.
Autant en france fumer tout seul de temps en temps est agréable, mais c'est surtout parce que justement on a la possibilité de retrouver un pote pour se brûler un morceau et partager un bon moment.
Donc ça ça manque énormément!
J'ai heureusement eu la visite de Christophe pour un premier QMMS en bord de plage, ça fait plaisir!
Et j'ai rencontré des gens amateurs avec qui j'ai partagé des moments inoubliables, ce sont devenus de vrais amis, mais eux aussi sont partis depuis...
Cette année j'ai eu droit à la visite de gens importants pour moi, ça aussi ça fait plaisir (mis à part ce qu'ils ont ramené dans la valise évidemment :P).
Et même si je n'ai pas pu en profiter autant que j'aurais voulu, c'est un petit moment magique qui fait énormément de bien!
Et ça devrait continuer, espérons le :)
Evidemment, ce qu'il manque le plus ici, c'est la famille...
Voir tout le monde, les petits qui grandissent...
Heureusement skype est là, permettant un coucou toutes les semaines, et permettant de faire des bisous aux minots, mais rien ne remplacera un calin ou un vrai bisou à ceux qu'on aime.
Mais c'est vrai que parfois on est un peu envieux de voir la famille se réunir le dimanche pour manger les bonnes lasagnes de maman :P
Pareil pour les copains, ça manque énormément, les soirées à discuter de tout et de rien, les barbecues, les poker, les soirées Fifa ou superbowl... tout ça ça fait un vide malgré les activités qu'on peut avoir ici.
Le top serait d'avoir une activité qui rapporte assez pour pouvoir revenir une fois par an au moins, profiter des gens que j'aime, famille, amis...
Se refaire des bouffes, des soirées, raconter à nouveau des conneries...
Peut être un jour...
L'avantage d'être à l'autre bout du monde, c'est que tu rencontre des gens souvent merveilleux, très enrichissants.
Ils t'apportent énormément, deviennent de vrais amis avec qui tu partages des choses que tu ne peux pas partager autrement.
Hélas, dans ce type de métier les gens ne restent pas longtemps, il faut savoir accepter de faire des adieux et de passer à autre chose...
On rencontre aussi des gens qui ne valent pas le coup, qui ont une mentalité qui ne colle pas du tout avec ce que tu attends et face à laquelle tu te retrouve complètement destabilisé, déçu.
Il faut savoir que beaucoup de gens expatriés ici vivent dans leur bulle, ne s'intrègrent pas vraiment, et au final on se retrouve à avoir plus d'affinités avec les locaux qu'avec des gens de son propre continent voire de son propre pays.
Les locaux justement.
Ici les gens sont souriants, c'est con mais ça change énormément les choses au niveau de l'environnement, en tous cas personnellement cela m'a transformé.
La plupart sont également très gentils et seront très heureux de vous donner un coup de main.
Mais il faut savoir qu'en tant que blanc, ici on est considéré comme un portefeuille ambulant...
Même en vivant au plus près de la population il y a toujours dans leur tête cette idée de combien ils vont pouvoir nous soutirer...
On a beau avoir un salaire indonésien, gagner peu d'argent, se montrer prévenant... ça ne changera pas...
Il est très difficile de se faire des vrais amis parmi les indonésiens, et ça c'est quelque chose de très frustrant quand on essaye de s'intégrer au maximum, car on n'a jamais le retour de ce que l'on donne.
Il faut toujours être très méfiant, même avec des gens qu'on cotoie depuis longtemps, car ils ne nous considèreront jamais comme leur semblable, ne nous ferons jamais de cadeaux, ici tout a un prix...
On s'y fait... enfin, on essaye... et on compte sur sa copine (quand on en a une) pour nous aider à éviter les petits pièges de la vie quotidienne.
Après on peut comprendre quand on voit une bonne partie des expatriés les traiter souvent comme de la merde, mais ils n'ont pas cette faculté d'adaptation à la personnalité, un blanc est un blanc... quels que soient les efforts qu'il pourra fournir, c'est dommage.
Et c'est souvent en leur défaveur... le nombre de fois où je me suis fait avoir pour pas grand chose...
Au lieu de penser moyen terme, ils pensent uniquement à court terme, ce qu'ils peuvent retirer de toi immédiatement.
Ils préfèrent essayer de t'arnaquer de quelques milliers de roupies, alors que tu pourrais revenir de nombreuses fois et leur donner au centuple ce qu'ils ont réussi à te soutirer...
D'après Christophe avec qui on discutait de ce sujet, c'est quelque chose qu'on retrouve très régulièrement partout en asie du sud est...
Mais c'est con... combien de restaurants, de boutiques, dans lesquelles je ne mettrais plus les pieds et où je déconseillerai à mes clients d'aller... alors que les rares qui jouent la carte de la fidélisation s'y retrouvent largement au final!
Enfin, ça aussi on ne le changera pas, on vit avec, et petit à petit on évite des lieux où on aimerait pourtant retourner souvent.
Voilà, c'est un post assez peu intéressant pour beaucoup d'entre vous, mais il me semblait important de revenir sur cette année, et sur ce qui m'a fait rêver et ce qui m'a déçu profondément.
Maintenant je vais essayer de continuer à m'intégrer ici, à m'installer, créer ma vie dans un pays à l'accès difficile, mais où on peut ressortir tellement enrichi à tous les niveaux!
J"ai une copine adorable (même si là aussi y'a des subtilités à connaitre qui peuvent rendre très difficile la vie au jour le jour), un permis de travail pour quelques mois, je vous donne rendez-vous l'an prochain pour un nouveau bilan!
En espérant qu'il sera encore plus positif! :)
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